JOURNAL DE L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC A HULL
(Volume 9, numéro 8, le 8 juin 1998 )


Parution d'un volume sur la migration des jeunes

NDLR : Le 13 mars dernier, l'Université du Québec à Hull tenait une cérémonie spéciale dans le but de rendre hommage à cinq membres du personnel qui ont pris leur retraite au cours de la dernière année. L'Uniscope reproduit le témoignage livré à cette occasion par un collègue de travail.

Jacques Cloutier

Mamdouh Dawoud

Léa Diotte

Georges Goulet

Julio Inostroza

La négociation raisonnée, c'est quoi?!

Particularités des accords issus de la négociation raisonnée

Participation hulloise à un colloque du congrès de l'ACFAS en mai

La pensée du mois...

«On peut réussir n'importe quoi,...absolument n'importe quoi, lorsque l'on bénéficie d'un professeur possédant talent et passion
«Beach Music», de Pat Conroy.

Parution d'un volume sur la migration des jeunes

Pourquoi partir? La migration des jeunes d'hier et d'aujourd'hui.

Tel est le titre de l'ouvrage collectif qui a été lancé le 26 mars 1998 au pavillon Alexandre-Taché de l'Université du Québec à Hull (UQO).

Le livre fait suite à un vaste programme de recherche sur la mobilité des jeunes. Il offre un premier état de la question à ce propos.

Une coédition

Le document a paru aux Presses de l'Université Laval (PUL) et aux éditions de l'Institut québécois de recherche sur la culture (IQRS), dans la collection «Culture et société» et sous la direction de Madeleine Gauthier, de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS) - Culture et société.

Les collaborateurs et les collaboratrices

Deux membres du corps professoral de l'Université du Québec à Hull sont au nombre des 14 collaborateurs et collaboratrices. Il s'agit du professeur Yao Assogba et de la professeure Lucie Fréchette, du Département de travail social.

Les autres coauteurs chercheurs, qui proviennent de six autres établissements du réseau de l'Université du Québec, sont les suivants :

- Serge Côté, de l'Université du Québec à Rimouski (UQAR);

- Danielle Desmarais, de l'Université du Québec à Montréal (UQAM);

- Camil Girard, de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC);

- Pierre Noreau, de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT);

- Jean-Louis Paré, de l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR); de même que

- Myriam Simard et Bernard Fournier, de l'INRS - Culture et société.

Migration, adaptation et rétention

Le professeur Yao Assogba, de l'Université du Québec à Hull, a précisé que «le programme de recherche d'où émerge le volume étudie la dynamique des jeunes qui quittent leur région pour une autre.

« Il analyse les processus d'adaptation aux nouveaux milieux et les facteurs de rétention dans les régions du Québec.»

L'universitaire hullois a ajouté que «l'étude contribue, d'une part, à enrichir la connaissance que nous avons des jeunes et de leur manière d'occuper l'espace et, d'autre part, à mieux connaître les régions en tant que cadres de vie des jeunes.»

Soulignons que le lancement de la nouvelle publication s'inscrivait dans le cadre des activités scientifiques du centre de recherche du Groupe d'étude et de recherche en intervention sociale (GÉRIS) de l'UQO.


Hommage à Jacques Cloutier

rédigé par Gilles Bergeron,
livré par Josée De Rainville

Cher Jacques,

Une certaine personnalité a écrit, en parlant de l'enseignement tiré du contact de la nature : «Il développe en nous les facultés d'observation et de déduction, l'endurance, le courage, la patience, l'ingéniosité, la confiance en soi, le sang-froid, le coup d'oeil.»

Jacques, tu reconnais sans doute l'auteur de ces lignes, une personnalité qui t'a beaucoup marqué...Baden-Powell, le fondateur du scoutisme. Nous, tes collègues de la bibliothèque, et aussi beaucoup de membres de la communauté universitaire, avons constaté chez toi plusieurs des qualités énoncées par cet homme.

Mais avant de nous attarder à expliciter sur ces qualités, arrêtons-nous un instant sur la période qui a précédé ton arrivée à l'UQO.

Permets-nous de te rappeler que :

- tu es né à Cadillac, en Abitibi;

- à l'âge de 12 ans, tu es déménagé à Sherbrooke, sans oublier un séjour bénéfique de deux ans dans la belle région du Saguenay;

- tu as obtenu un certificat en bibliothéconomie à l'Université d'Ottawa;

- tu as entrepris ta carrière de technicien en documentation à l'Université de Sherbrooke;

- 12 années plus tard, tu t'es installé en Outaouais, pour travailler pendant deux ans à l'Université d'Ottawa et, ensuite, depuis octobre 1975, à l'UQO;et qu'entre temps, tu as eu la chance de ta vie, lors de ton passage à l'Université de Sherbrooke, de rencontrer Monique, que tu as mariée; ensemble, vous profitez de la présence de deux enfants :

- Daniel, qui termine sa maîtrise en relations internationales, et

- Sylvie, une diplômée en urbanisme.

Que vont retenir de toi, tes collègues de la bibliothèque?

Arrêtons-nous d'abord à ta persévérance et à ta patience! Peut-on être plus constant lorsque l'on fait le même travail pendant toute une carrière?

En effet, tu as toujours acquis des volumes et des périodiques pour des bibliothèques, tout en étant responsable du service des acquisitions pendant tes 22 années à l'UQO.

Ce sens de la continuité t'a permis d'acquérir presque l'entière collection de la bibliothèque actuelle.

En effet, au moment de ton arrivée, la bibliothèque comptait environ 2000 titres et, lors de ton départ en mai dernier, plus de 117 000 titres garnissaient les rayons des bibliothèques : cet acquis perdurable pour l'Université te donne une raison réconfortante d'avoir été persévérant.

Et cette persévérance s'est manifestée dans ta vie personnelle et dans ton engagement pour le mouvement scout : d'ailleurs, la confrérie scout te l'a bien rendu en te totémisant «Héron persévérant».

Traditionnellement, le travail à l'intérieur d'une bibliothèque en est un de minutie et de perfection; ton sens de la perfection t'a bien servi : il fallait évidemment commander les bons titres, et tes amis, les bibliothécaires, étaient là pour te le rappeler.

Aussi, tu as su t'adapter avec calme au passage à la bibliothèque automatisée.

Avec l'âge toutefois, pour être sûr d'être bien organisé, tu indiques, sur des bouts de papier, des activités à ne pas oublier : il semble toutefois que tu peux oublier où sont ces bouts de papier...

Nous voulons de plus souligner ton endurance et ton courage, et cela, en regard de ton handicap physique : tu l'as tellement bien accepté cet handicap que les gens qui t'ont côtoyé ou te côtoient se sont toujours sentis à l'aise en ta compagnie.

Cette confiance en soi t'a permis de profiter de différentes activités physiques, comme le cyclisme par exemple.

Et, que dire de ta jovialité, de ton côté sociable et attentif, de ton sens de l'écoute et de ta sensibilité : beaucoup de personnes ici à l'Université ont apprécié le fait d'être interpellées par leur prénom lorsque tu les rencontrais, même si tu ne les connaissais pas beaucoup.

Concernant ton engagement vis-à-vis de l'Université, il s'est manifesté encore dans les derniers mois que tu as passés ici en t'impliquant directement dans la campagne de la Fondation.

Quant à ton sens de l'observation et du coup d'oeil, nous ne préciserons pas dans quelles circonstances tu le mettais spécialement en pratique!

Pour terminer, nous voulons te rappeler comment les personnes qui ont travaillé sous ta supervision, Carole et Lyne, entre autres, ont apprécié l'atmosphère d'harmonie que tu apportais dans le travail.

Même si elles te manquent, elles sont bien heureuses que tu aies entrepris une retraite bien méritée et bien préparée.

Nous te souhaitons une longue retraite, en santé, et n'oublie pas de penser à toi, tout en développant davantage ton sens de l'autre à travers ton bénévolat.

Bonne chance!!!


Jacques Cloutier (collection personnelle)


Hommage à Mamdouh Dawoud

par Georges Farid

En avril 1979, voilà presque 19 ans, je rencontre pour la première fois Mamdouh. Quelques mois plus tard, de plus en plus, les qualités de Mamdouh sautaient aux yeux de tout le monde : amabilité, serviabilité, dévouement pour ne citer que celles-ci; cependant, un seul petit défaut : sa conscience professionnelle poussée à l'extrême. Je ne peux oublier le temps précieux qu'il m'a consacré dans la partie statistique de ma thèse de doctorat en 1986 où il n'épargnait aucun effort afin qu'il n'y ait aucune faiblesse. Je lui suis et lui serai toujours reconnaissant.

Quant à mes autres collègues, à ce que je sache, il n'a jamais refusé de leur rendre service, et ce, bien cordialement. Je suis sûr qu'il gardera cet altruisme toute sa vie : cela est inné en lui. Je ne m'attarderai pas sur le fait que l'UQO a bien bénéficié de sa longue expérience dans l'enseignement et la recherche où il n'a reçu que des éloges de la part des étudiantes et des étudiants. Avant de terminer, je voudrais rappeler à toutes celles et à tous ceux qui ont goûté à l'inégalable «café turc» de Mamdouh - en Grèce, dites café grec - qu'ils devront maintenant le savourer mentalement, sinon lui demander le secret de sa recette. Cher Mamdouh, nous te souhaitons, de tout coeur, une heureuse et agréable retraite.


Mamdouh Dawoud


Hommage à Léa Diotte

par Yao Assogba

Liminaire

L'honneur m'échoit de rendre hommage à une personnalité du Département de travail social de l'Université du Québec à Hull qui vient de prendre sa retraite, je veux parler de Léa Diotte.

Je ne saurais cacher ma fierté et mon émotion en cette occasion solennelle, car Léa n'est pas seulement une ex-collègue de travail, elle est aussi et surtout une amie.

Léa mérite un hommage authentique. Rendre un témoignage authentique à une personne, c'est d'être authentique soi-même tout en parlant sincèrement des mérites de la personne.

C'est donc avec mon héritage culturel métissé fait d'africanité, de francité, de québécité, que je vais accomplir ma noble tâche.

Témoignage

Léa, on le sait, est un pilier au Département de travail social, une fondation solide qui aura laissé sa marque. Si Jean de Lafontaine était de notre siècle, il aurait peut-être écrit cette fable intitulée:

Les profs et leur pilotis

«Les profs ayant été choyés

tant d'années

se trouvèrent fort dépourvus

quand sa retraite fut venue.

 

Comment garder encore bonne mine

face aux universités nos voisines?

 

Un peu déstabilisés,

dans l'héritage de Léa ils ont fouillé.

 

LE POULS, LE POULS

s'écrie-t-on tout à coup

le pouls c'est principal

faut s'en rappeler foi d'animal

Le pouls des étudiants,

celui du milieu, des intervenants.

 

À ce temps-ci, les étudiants sont stressés ne vous en déplaise

il faut s'en préoccuper, les mettre à l'aise.

 

Aux besoins du milieu, il faut être présent,

si on veut des étudiants, très performants».

 

Dans l'héritage de Léa, il y a bien d'autres messages qui nous marqueront.

En effet, Léa, avec les étudiants, fait preuve d'une grande lucidité,

on peut difficilement la duper.

 

Par exemple, le travail de groupe :

Ça peut être stimulant, nourrissant, formateur pour l'emploi futur,

mais le travail de groupe, ça peut être aussi :

«deux personnes qui pensent,

une qui écrit

et une autre qui veut mettre son nom sur la feuille».

 

Donc si on veut vraiment connaître nos étudiants

pas de travail de groupe en tout temps.

Tout comme la fourmi,

Léa est d'une grande vaillance,

elle a piloté deux grands dossiers de révision du programme du baccalauréat en travail social de l'UQO et deux «gros» dossiers d'agrément de notre Module à l'Association canadienne des Écoles de Service Social (ACESS),

elle a initié les tournées du duo «directrice du module-étudiante» au CEGEP,

elle fut l'initiatrice de la journée de préparation à l'emploi de nos finissants en travail social.

 

Mais tout en travaillant de façon méticuleuse et très sérieuse,

elle accorde beaucoup de place au rire dans sa vie;

 

elle a compris que

«Le rire, c'est comme les essuie-glaces,

ils n'arrêtent pas la pluie,

mais ils permettent d'avancer.» (auteur inconnu).

 

Léa, tout en étant modeste et discrète,

est pleine d'assurance et consciente de ses apports.

 

Tout comme un certain personnage bien connu,

on pourrait l'entendre conclure sa vie professionnelle en ces termes :

Je vous quitte, mais prenez bien soin de mon module, de mes finissants, de mon milieu;

continuez à tirer profit de mon comité de stage, de ma journée de préparation à l'emploi;

quant à la maîtrise qui est née grâce à mon excellent programme de bac,

si vous voulez savoir ce que j'en pense, attendez de lire mes mémoires

que je suis en train d'écrire.

 

Du Bellay aurait pu écrire :

«Heureuse qui, comme Léa, a rendu de grands services à l'université

Ou comme celle-là qui fut impliquée dans le milieu

 

Et puis prend une retraite bien méritée

Pour vivre la plénitude de la sagesse.»

Et la sagesse Léa, d'après Montaigne, «C'est vivre à propos» en prenant la «nature» pour «un doux guide».

 

Vivre à propos

C'est l'occasion rêvée de retrouver ce qu'on n'aurait jamais dû perdre: notre âme d'enfant

Regarder ce qu'on n'avait plus le temps de voir, pendant nos années de course effrénée

 

S'émerveiller de ce qui nous blasait,

Écouter ce qu'on entendait plus

Prendre le plaisir d'humer les fleurs,

Se laisser entraîner dans le monde imaginaire de nos petits-enfants,

 

Prendre le temps de créer avec ses mains, avec son coeur,

Faire ce qui nous ressemble vraiment.

Et pourquoi pas prendre le temps de philosopher, car

philosopher, c'est comme prendre un coup :

il en reste toujours un peu dans la tête le lendemain.

Bonne retraite, Léa.


Léa Diotte


Hommage à Georges Goulet

par André Dolbec

Natif de Joliette, Georges fait ses études classiques au séminaire de l'endroit. Il y découvre la philosophie et trouve chez Aristote un modèle qui l'inspirera toute sa vie. Il y apprend aussi à poser des questions et à ne pas se satisfaire de demi-vérités. Rapidement ses confrères commencent à l'appeler: «le philosophe».

Il obtient son premier emploi dans une école primaire de Roberval, au lac St-Jean. Il y enseigne quelques années et découvre les problèmes de la gestion d'une classe hétérogène, c'est-à-dire une classe où les élèves doubleurs, assis sur la dernière rangée, sont presque du même âge que lui.

Fort de son expérience, il déménage ensuite vers le Sud pour aller enseigner au coeur du Royaume, au Séminaire de Chicoutimi. Il est le premier laïc à y être embauché.

Il est rapidement promu directeur des étudiants, poste qu'il cumule avec son travail d'enseignant. Cette double fonction lui permet de mettre en pratique ses connaissances sur l'art d'éduquer. Parmi ses réussites, il y a l'organisation d'une exposition portant sur la période romaine où les élèves construisent, dans le cadre de leur cours d'histoire et de latin, une réplique, à l'échelle, d'une ville romaine de l'Antiquité. C'est une innovation qui réussit à mobiliser plus de cinq cents étudiants, jour et nuit, pendant plus d'un mois.

En 1965, le ministère de l'Éducation le nomme au Comité provincial chargé de la création des cégeps. Le séminaire devient l'un des premiers collèges du Québec et Georges continue à y travailler comme directeur des étudiants, ce qui lui permet de participer à la révolution tranquille. Rapidement, la population étudiante se prend en main: Georges fait face à la première grève des étudiants vers 1968. Les autorités du séminaire lui confient la mission de faire respecter la discipline.

Il reçoit des mandats difficiles tel celui d'obliger 300 étudiants à se faire couper les cheveux.

Un beau jour, il décide de tout quitter pour venir faire ses études de maîtrise et de doctorat à l'Université d'Ottawa. Il est convaincu que des études universitaires peuvent l'aider à devenir un meilleur éducateur.

C'est alors l'époque des grands débats en psychologie entre Maslow et Skinner. Georges s'intéresse aux travaux des psychologues humanistes et développe une passion si grande qu'à l'université on l'appelle Maslow.

Il se spécialise en administration scolaire et fait sa recherche sur le curriculum. Il effectue l'analyse de 125 auteurs ayant écrit sur le sujet et produit 25 000 fiches, un travail qui à l'époque se fait de façon manuscrite. Suite à ces démarches, il élabore une théorie générale de l'éducation et obtient son Ph.D. en 1976.

Peu de temps après, il s'exile au Manitoba comme chercheur et conseiller spécial auprès du ministre de l'Éducation. C'est lors de cet emploi qu'il se retrouve confronté avec les problèmes réels de la recherche commanditée.

Se sentant vite coincé entre les attentes des politiciens pour lesquels il travaille et ses critères éthiques, il préfère alors démissionner pour revenir en Outaouais. Roger Claux, le directeur du département, l'engage pour enseigner en administration scolaire dans le premier programme de maîtrise de l'Université.

C'est à ce moment que je fais sa connaissance. Nous partageons le même bureau au pavillon Montcalm. Je me souviens que Toussaint Fortin, Carmen Lachance, Georges et moi occupons les quatre coins d'un vaste bureau. J'étais là depuis un an lorsque Toussaint et Georges arrivent au Département des sciences de l'éducation.

Ils se reconnaissent comme «frères» puisqu'ils viennent tous les deux du Royaume! Leur passion pour l'enseignement m'étonne. Ils passent énormément de temps à préparer leurs cours et à recevoir les étudiants. J'apprends d'eux ce que veut dire encadrer un étudiant.

Alors que je suis président du syndicat, je demande à celui qui est «Docteur en administration scolaire» de faire partie de notre exécutif syndical. Je réussis à le convaincre, même s'il doute de la pertinence du syndicalisme à la CEQ.

Pour la première fois, je vois de près la «sagesse» de celui qui a réfléchi sur l'administration. Son séjour à l'exécutif dure deux ans.

Reconnaissant chez lui une grande rigueur de pensée et une grande capacité pour intégrer les théories à sa pratique, je lui demande de me servir de mentor et de m'apprendre à faire de la recherche.

C'est, pour moi, le début d'une expérience d'apprentissage inoubliable. C'est à ce moment que je commence à travailler en équipe avec lui, tant dans l'enseignement que dans la recherche.

Son encouragement et son soutien m'incitent à faire mes propres études doctorales. Georges envie mon statut de chercheur à plein temps et je sens qu'il aimerait lui aussi devenir étudiant à plein temps pour faire un doctorat en philosophie.

Peut-être que ta retraite, Georges, sera pour toi l'occasion de réaliser ce rêve.

Georges est responsable de la maîtrise en éducation de 1982 à 1986 et c'est sous sa direction que la maîtrise ès Arts débute à Hull en 1985. Il devient ensuite directeur du département en 1986 et, en 1988, il occupe le poste de Vice-recteur à l'enseignement et à la recherche dans l'équipe du recteur Jacques Plamondon.

Il quitte cette fonction pour des raisons de santé en 1993 et revient comme membre de l'équipe professorale. Dès son retour, il participe à l'évaluation provinciale des cégeps et parcourt toutes les régions du Québec.

Il termine sa carrière en revenant à la formation des maîtres et à l'accompagnement des étudiants dans leurs stages.

Ce que j'ai apprécié chez lui, c'est son esprit de service. Je l'ai souvent entendu dire publiquement que pour lui l'éducation était une vocation et il en a été le témoin tout au long de sa carrière chez nous. Les étudiants connaissaient sa disponibilité proverbiale et il n'était pas rare de le surprendre en train de discuter avec eux jusqu'aux petites heures du matin.

Dans ses fonctions d'administrateur, que ce soit au département ou au Vice-rectorat, il a maintenu la même politique de la porte ouverte.

Il se sentait souvent déchiré lorsqu'il avait à prendre des décisions parce qu'il pouvait comprendre les enjeux à partir de différentes perspectives. Je sais qu'il a toujours tenté d'éviter de prendre des décisions qui auraient abouti à départager un gagnant et un perdant.

Au nom de tous ceux qui t'ont côtoyé pendant ta longue carrière ainsi qu'en mon nom personnel, je voudrais te remercier, Georges, pour les vingt ans que tu as donnés à l'UQO, dans tes rôles de professeur, de chercheur et d'administrateur.

La rencontre d'aujourd'hui constitue l'occasion par excellence pour souligner ta contribution et te faire part de notre reconnaissance. Chacun de nous peut sûrement se remémorer tel ou tel moment particulier où il a eu l'occasion d'entrer en contact avec toi.

J'ai eu, quant à moi, le privilège de travailler en équipe avec toi pendant une bonne dizaine d'années. J'ai pu apprécier directement tes nombreuses qualités telles ta capacité d'écoute, ta créativité, ton assurance inébranlable, ton intuition lorsque tu étais dans le feu de l'action et ton sens des responsabilités.


Georges Goulet


Hommage à Julio Inostroza

par Jacques Chevrier

Cher Julio, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai accepté de te rendre hommage au nom de la communauté universitaire de l'UQO. En juin 1975, seulement quelques mois après ton arrivée au Canada, tu obtiens un poste de professeur à l'UQO, au Département des sciences de l'éducation. Tu fermes ainsi la porte sur la première phase de ta carrière qui avait débuté au Chili, à l'Université de Conception où tu avais été professeur, doyen adjoint, puis doyen de la Faculté d'éducation. C'est dans le contexte de la tourmente du coup d'état chilien que tu décides de venir au Canada. Tu viens alors d'obtenir un doctorat en planification de l'éducation à l'Université de Paris VIII (anciennement la Sorbonne). Rapidement l'UQO reconnaît en toi une ressource importante et t'engage. Professeur complet, tu contribues avec expertise aux quatre volets de ta tâche universitaire qui s'articulera autour de trois axes majeurs : l'élaboration de programmes, l'évaluation de programmes et la formation des maîtres.

En enseignement, tu interviens à tous les niveaux, dans les divers baccalauréats en éducation, au diplôme en andragogie, à la maîtrise en éducation ainsi qu'au doctorat en éducation. Tu t'occupes intensément de la supervision de stages. Professeur très apprécié des étudiants, tu sais partager avec eux ton insondable bagage de connaissances aussi bien théoriques que pratiques. En recherche, en plus de tes intérêts privilégiés, tu écris sur l'abandon scolaire et la maturité vocationnelle. Tu diriges aussi des mémoires de maîtrise et des thèses de doctorat. Au plan de l'administration, tu occupes le poste de directeur du jeune Département des sciences de l'éducation de 1980 à 1982, mandat au cours duquel il sera le maître d'oeuvre d'une importante réorganisation des stages. Au plan des services à la collectivité, tu t'impliques profondément, de 1984 à 1995, dans le développement international en élaboration et en évaluation de programmes: en Algérie dans un programme en enseignement technique, au Brésil dans un projet d'alphabétisation, au Costa Rica dans le cadre de la maîtrise en formation de spécialistes en évaluation de projets et de programmes et enfin au Brésil à nouveau, dans le projet de maîtrise en éducation.

Julio, cet hommage serait bien incomplet sans souligner ce que tu as été pour moi au cours de ces années ensemble. Julio, tu as toujours été pour moi un passionné d'éducation. Tu as toujours été à la recherche de la vérité, de cette vérité qui permet à l'autre de grandir, de s'épanouir, de devenir lui-même. Je retiens de toi l'homme qui, comme professeur ou comme directeur de notre département, as défendu des valeurs fondamentales de l'éducation, avec une honnêteté et une intégrité à toute épreuve. Intégrité d'abord à toi-même, toujours fidèle à tes principes, dans le respect de tes croyances fondamentales. Intégrité aussi face au département pour lequel tu as toujours eu de grandes aspirations. Tu l'aimais ce département. Tu voulais que nous soyons tous et chacun fiers d'y appartenir. Aucun compromis n'était possible quand tu sentais que le département ou l'un de ses membres étaient attaqués. On pouvait te faire confiance. On sentait que tu étais là pour le bien-être de tous et chacun dans un esprit de vérité. Pour moi Julio, tu incarnes l'heureux mélange à la fois de respect de principes profonds et d'ouverture à l'autre. A toi, Julio, un grand merci pour ce que tu as été, pour ce que tu es et pour ce que tu nous as aidés à être aujourd'hui, tous et chacun. Je remercie Dieu de m'avoir donné le grand privilège de te connaître et de travailler avec toi. Cher Julio, salut et bonne route!!!


Julio Inostroza


La négociation raisonnée, c'est quoi?!

Le professeur Renaud Paquet (Relations industrielles) effectue en ce moment une recherche sur la négociation raisonnée. Lors d'une interview, il a traité des trois principaux éléments qui caractérisent cette approche.

Des intérêts et des besoins

D'abord, la négociation se fait en fonction des intérêts et des besoins des parties et non à partir de positions ou de solutions préétablies. À son avis, c'est la caractéristique la plus importante de cette approche.

Il a donné l'exemple de l'employeur qui veut réduire ses coûts et augmenter sa productivité. «J'ai beaucoup trop de classifications; mes 150 employés sont répartis dans 30 classes d'emploi différentes, ce qui est d'ailleurs le cas dans plusieurs entreprises.

«J'ai beaucoup de difficulté à faire des mouvements de main-d'oeuvre quand j'en ai besoin dans des secteurs particuliers. Cette situation m'oblige à faire faire des heures supplémentaires à certains individus alors que d'autres ne sont pas tellement occupés.

«Il y a deux façons de soumettre la question à la table de négociation. Avec l'approche traditionnelle, avant de rencontrer la partie syndicale, je m'assois et je regarde mon problème de classification. Il faudrait que je fusionne tel groupe avec tel autre. Je fais mon nouveau plan et j'arrive à la table avec une proposition qui réduit de 30 à 12 le nombre de classes d'emploi. Il en résulte une négociation de position.

«Dans la seconde approche, la négociation raisonnée, je ne formule pas seul mes propositions; je le fais avec l'autre. J'arrive à la table de négociation avec ma problématique, soit un trop grand nombre de classifications. J'ai un intérêt, un besoin : le réduire pour faciliter les mouvements de main-d'oeuvre.

C'est là que commence la discussion.»

Un plus grand éventail de solutions

La deuxième caractéristique : les gens explorent un plus grand éventail de solutions avant d'arriver à une décision. «Si je suis passé par le mode traditionnel, je présente une seule position. Ça devient humain que de la défendre. Et, quand je fais une concession sur ma position, en partie je perds un peu la face. Et, quand l'autre l'accepte, en partie il fait un peu signe de faiblesse. Alors, la nature humaine fait qu'on a tendance à s'enfermer dans des boîtes d'où il est difficile de sortir.»

Des solutions basées sur des critères objectifs

La troisième caractéristique : faire reposer ses solutions sur des critères objectifs, comme l'équité interne et externe. «Le taux d'inflation est un critère objectif pour déterminer l'ampleur d'une augmentation de salaire, comme l'est d'ailleurs ce qui se fait actuellement sur le marché dans sa région ou pour les autres groupes dans l'entreprise. Cette approche s'écarte du déploiement du rapport de forces où j'essaie d'imposer ce que je veux.»

Renaud Paquet y est allé d'un autre exemple, très près de la réalité universitaire. «La prochaine ronde de négociation des membres du corps professoral de l'UQO commence ce printemps.

«Comment le syndicat et l'Université vont faire pour s'entendre sur le règlement salarial? Va-t-on encore réduire les salaires? Va-t-on les augmenter?

«D'un côté, les professeurs peuvent arguer qu'ils n'ont pas eu d'augmentation depuis des années. De l'autre, l'Université peut avancer qu'elle est encore dans sa crise financière. Tous les deux ont tout à fait raison. Quel point de vue primera??

«En négociation raisonnée, les parties iront voir ce qui se passe ailleurs. Avec cette information externe, elles établiront des paramètres. Évidemment, il reste une marge à l'intérieur de laquelle les intérêts sont conflictuels. Mais, le recours à des critères externes limite les possibilités de conflits.»


Particularités des accords issus de la négociation raisonnée

L'Université du Québec à Hull (UQO) a récemment signé une entente avec le ministère du Développement des ressources humaines (DRH) du Canada.

Assortie d'une subvention de 12 000 $, elle permettra au professeur Renaud Paquet, du Département de relations industrielles de l'UQO, de mener à terme ses travaux de recherche sur la négociation raisonnée.

Le projet qui fait l'objet du financement a pour titre «La négociation raisonnée : ses effets sur le contenu des conventions collectives et sur la relation entre les parties».

Occasion d'une percée pour l'UQO

Le professeur Renaud Paquet a déclaré que «cette subvention offre une occasion unique à l'UQO de faire ses preuves auprès d'un organisme qui est un intervenant majeur dans le champ des relations industrielles au Canada et qui est habitué à faire appel à d'autres universités plus grandes.

«En outre, le projet s'inscrit dans le cadre d'une volonté de l'université outaouaise de développer des partenariats.»

Travaux réalisés à ce jour

Le professeur Renaud Paquet a précisé qu'il a entrepris ses travaux sur la négociation raisonnée à l'automne 1995. Jusqu'à ce jour, il a travaillé avec un collègue professeur, Michel Grant, de l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

«Nous avons effectué des entrevues et procédé à quelques études de cas. Nous voulions connaître les facteurs qui sont associés au succès de l'implantation et de l'utilisation de la négociation raisonnée.

«Nous avons alors constaté que la formation conjointe des parties, l'intensité des communications avec les commettants et l'attitude respective des parties étaient autant de facteurs qui contribuaient au succès de l'approche.»

Prochaine phase

Le professeur Paquet a fait état de deux postulats de base de la théorie.

«D'abord, il y a une meilleure relation, harmonie, coopération, entre les parties. Les personnes en présence ne se tapent pas sur la gueule lorsqu'elles négocient.

«Et, quand elles ont terminé, les choses devraient aller mieux. Il existe une abondante littérature sur cet aspect de la question.

«Le second élément associé à l'approche est la production d'accords judicieux; les conventions collectives sont différentes dans leur contenu.

«Il n'existe rien sur cet aspect dans la littérature, d'où l'importance des travaux en cours, principalement pour les praticiens et les praticiennes.

«Si jamais nous voyons des différences marquées, qui sont avantageuses pour les deux parties, comme le soutient la théorie, nous aurons solidifié cette même théorie en publiant des documents qui l'appuient.»

Échéance et nature des travaux

Le professeur Renaud Paquet a précisé qu'il entend compléter ses travaux d'ici à l'automne 1998 sur les résultats de l'utilisation de la négociation raisonnée.

«Nous avons d'abord sélectionné 20 conventions collectives qui ont été signées suite à une négociation raisonnée. «Nous comparerons ensuite ces textes avec les conventions collectives antérieures afin de relever les changements.

«De plus, pour chacune des 20 entreprises, nous trouverons une entreprise jumelle, dont le champ d'action est comparable, mais qui n'a pas eu recours à la négociation raisonnée.

«Ici aussi, il y aura comparaison de la convention en vigueur avec celle qui l'a précédée et mise en relief des modifications qui les distinguent», de souligner l'universitaire hullois.

Le professeur Paquet a donné l'exemple des cols blancs de la ville de Hull, qui ont connu la négociation raisonnée, jumelés aux cols blancs de la ville de Gatineau, qui ont maintenu le mode traditionnel.

«À Hull, nous avons comparé les conventions de 1997 et de 1994 afin d'en souligner les changements. «Nous avons fait la même chose à Gatineau pour enfin comparer les quatre textes.»

Obligation de répéter l'expérience

L'universitaire hullois a précisé qu'il est nécessaire de répéter l'expérience 20 fois. «Une seule occasion ne suffit pas parce qu'un facteur autre que le processus de négociation peut expliquer le changement. «Les éléments contextuels peuvent être différents même si nous essayons de faire le meilleur pairage possible. «Mais, sur un total de 20 cas, la loi des nombres neutralise cet effet. Il peut jouer dans un sens à un endroit et autrement ailleurs.»

Renaud Paquet a indiqué qu'il analysera au total 80 conventions collectives. Il a souligné que la recherche est très prometteuse.

«Si, en bout de piste, nous nous apercevons qu'il n'y a pas de différences dans les résultats, ce sera un dur coup pour l'utilisation de ce processus.

«Nous pouvons aussi arriver à la constatation que, dans les cas où la négociation raisonnée a été utilisée, il y a eu plus de concessions syndicales qu'ailleurs.

«Déjà, les syndicats résistent un peu à l'utilisation de la méthode.

«Comme chercheurs, nous leur apporterons certains éclaircissements en la matière», de conclure le professeur Renaud Paquet.


Participation hulloise à un colloque du congrès de l'ACFAS en mai

Le 12 mai prochain, des membres du corps professoral de l'Université du Québec à Hull (UQO) participeront à un colloque dans le cadre du 66e Congrès de l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences (ACFAS) à l'Université Laval.

Le colloque est organisé par la revue Apprentissage et socialisation à l'occasion de son 20e anniversaire. La directrice de la publication est la professeure Thérèse Des Lierres, du Département des sciences de l'éducation de l'UQO.

Elle a indiqué que l'activité du 12 mai a pour but «de faire le point sur l'évolution des connaissances et des pratiques reliées aux problèmes d'apprentissage et de socialisation.

«C'est aussi l'occasion d'évaluer les contributions de la revue et son évolution depuis sa création pour envisager des pistes d'orientations futures.»

Le professeur Albert Boulet, du Département des sciences de l'éducation, traitera du thème suivant : «L'apprentissage : une vision de plus en plus dynamique». Il a souligné que, depuis la deuxième grande guerre mondiale, les conceptions de l'apprentissage ont beaucoup évolué. Aujourd'hui, l'apprenant est considéré «comme l'acteur principal de son propre apprentissage et donc comme un participant constructeur de son propre savoir.»

De son côté, le professeur Yao Assogba, du Département de travail social, abordera la question suivante : «Le concept de socialisation : des sociétés «boussolées» aux sociétés déboussolées?». Dans sa présentation, l'universitaire hullois donnera notamment une définition classique du concept et exposera les éléments qui semblent faire un certain consensus dans la communauté des sociologues. Il s'interrogera sur le défi de la socialisation dans les sociétés modernes où il n'y aurait que des opinions qui seraient toutes valables.

Lors d'une table ronde en après-midi, la professeure Lucie Fréchette, du Département de travail social, aura comme propos «Se sortir d'une tornade et regarder en avant». Elle examinera les difficultés rencontrées lorsque la revue a été menacée de disparition. Elle dégagera les façons d'«arrimer la revue à des problématiques d'actualité et ouvrir des avenues créatives de diffusion des connaissances et de revitalisation des interventions sociales et éducatives dirigées vers l'enfance et la jeunesse.»

À cette même occasion, la professeure Des Lierres et le professeur à la retraite Georges Goulet, autrefois du Département des sciences de l'éducation, rédacteur en chef de la revue, poseront la question : «Et l'avenir?». Tous les deux inviteront leur auditoire à dégager des pistes pour conserver l'aspect multidisciplinaire de la revue, pour favoriser le partenariat et pour s'adapter aux nouvelles technologies.

 

 

L'UNISCOPE est le journal mensuel de l'Université du Québec à Hull. Les collaborateurs et les collaboratrices doivent acheminer leurs communications orales ou écrites au Service de l'information et des relations publiques, à la pièce E-2100 du pavillon Alexandre-Taché, au 283, boulevard Alexandre-Taché, au poste téléphonique 3960.

Textes : Roger Labelle, Montage : Bruno Lacelle.
Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec,
Bibliothèque nationale du Canada,
ISSN 0847-4109
Production : Service de l'information et des relations publiques
Université du Québec à Hull, case postale 1250, succursale B, Hull (Québec) J8X